Tarantino Unchained



Après le film noir, après le film de guerre, Tarantino investit le Western à sa façon. Ce film est pour moi un chef d'oeuvre à plus d'un titre et ce pour les raisons suivantes.Il illustre parfaitement pourquoi j'aime le cinéma. on peut résumer cette idée de la façon suivante: Comment faire passer un message sérieux avec de l'art, de l'humour, de la tristesse, de la joie bref à travers l'émotion. Ce film nous fait passer par tous les états psychiques. On commence à être triste, puis on s'amuse, puis on est effrayé puis on est admiratif puis on est dégoûtés. Bilan à la fin du film: extasié devant tant d’éléments cinématographiques menés à la perfection.
Commençons d'abord par le sujet, c'est l'histoire de l'émancipation d'un esclave, Django, qui, grâce à un chasseur de primes allemand, arrive à confirmer son intelligence et à se mettre à la recherche de son amour (Kerry Washington) Une scène résume à elle seule cette émancipation et cette liberté retrouvées. C'est la scène où Django est filmé de derrière enlevant ce haillon qu'il avait sur lui et qui représente  son état d'esclave asservi. C'est une scène charnière car on voit Django qui a décidé de se débarrasser lui-même de ce passé qui est représenté par le haillon mais également par les cicatrices sur le dos.



Cette émancipation va encore plus loin lorsque Django décide de choisir lui-même ses propres vêtements . Il opte donc pour une tenue extravagante bleue qui rappelle étrangement la " SAPE" des sénégalais d'aujourd'hui. Tarantino revient sur le concept de "Black is beautiful" concept qui revient tout au long du film avec la superbe plastique de Django.

Autre performance, celle des acteurs. Tous sans exception sont au meilleurs de leur art. A commencer par Leonardo Di Caprio qui est très crédible dans son rôle de gamin méchant gâté. Il égratigne au passage sa vieille image d'acteur jeunot. Son humour très approximatif, sa relation douteuse avec sa soeur, le fait de contorsionner ses cheveux comme le ferait une petite fille, son coaching permanent par Stephen ( Samuel L Jackson), ses dents cariées sont autant de signes très finement insérés dans l'histoire du film.


Autre performance d'acteur incroyable. Celle de Samuel L Jackson dans le rôle de Stephen, l'Esclave traître qui maltraite les autres esclaves, qui semble être le parrain de Leonardo Di Caprio et qui excelle dans le rôle du personnage que nous aimons haire car il concentre à lui seule une panoplie de défauts comme la traîtrise  la brutalité, la sournoiserie, le culot et l'opportunisme.  A travers ce personnage, Tarantino transmet également sa vision pessimiste du monde car c'est à travers Stephen qu'il énonce que la méchanceté de certains restera toujours présente dans ce monde. En mourant  Stephen annonce que son genre de personnage cupide sera toujours présent.


Fidèle à son amour pour les vieux films, Tarantino, comme il l'a fait avec Pulp fiction, Jackie Brown et Kill Bill fait renaître d'anciennes gloires du cinéma comme Don Johnson ( Miami Vice)  dans un rôle hilarant du propriétaire sudiste raciste jusqu'aux os qui rappelle étrangement Bufallo Bill et qui semble représenter l'esprit prévalant en Amérique , celui du riche simple d'esprit. Autre revenant, Franco Nero, qui jouait Django dans un vieux film datant des années 60 qui répond à Jamie Foxx que lui aussi s'appelle Django.



Une performance magnifique également de Christoph Waltz ( Dr shultz) qui se transforme en héros en rencontrant Django en ouvrant son coeur en étant l'instigateur de la liberté de Django et le catalyseur de son émancipation.



Enfin, la musique mélangeant les tons westerniens et rap, enrobe ce magnifique chef d'oeuvre.


Merci Mr Tarantino pour ce chef d'oeuvre humaniste et nous attendons avec impatience ton prochain déchaînement auquel nous ne présenterons aucune résistance.

Commentaires

  1. Bravo abbas, bel article. j'aimerai ajouté un petit avis personnel sur le personnage de Samuel L Jackson, à mon avis le fait de traiter ses semblables (esclaves) de la sorte lui permet de se mettre au même niveau que les "blancs" ou du moins se dire qu'il n'est pas noir, aussi on le voit dans la première scène où il apparait, quand il s'étonne de voir Django sur un cheval, pour lui le seul qui peut avoir ce privilège c'est lui. Un autre personnage qui est dans cet esprit mais moins salopard, c'est la fille en robe soirée qui été assise dans la salle où se dérouler le combat, et qui répondit à Décaprio "je savais que tu ne t'adresser pas à moi" ou quelque chose comme ça, elle précise devant Django qu'elle n'est pas comme les autres.

    Je pense que si ces deux personnages ont choisit ce comportement, c'est par peur et pour échapper à la mal traitance que subissait les noirs à l'époque et quelque part c'est compréhensible, ça montre à quel point les esclaves ont été opprimé, il ne l'ont pas fait pour l'argent mais juste pour avoir un peu de dignité.

    Ce comportement subsiste encore dans la société actuelle, chez certaines personnes qui en essayant de se placer dans des niveaux inaccessibles de la société se mettent à mal traité les autres.

    riad

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